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Conférences Colombiatex : tout savoir sur la mode en Colombie.

Dernière mise à jour : 30 juin 2020

Salut les amis ! Nous sommes de retour avec un article focus sur la mode en Amérique latine. Avant de poursuivre, il faut savoir que nous avons basé nos sources sur des conférences de Colombiatex auxquelles nous avons assistées, que nous avons également revisionnées (ces dernières sont trouvables sur YouTube) puis retranscrites. Ce fut un travail de longue haleine ! Mais le résultat en vaut la chandelle puisqu'on peut dorénavant vous donner un aperçu de la situation de l’industrie de la mode en Colombie et plus généralement, en Amérique latine.

Quelles sont les chiffres de l'année ? Quid de l'emploi et de l'éducation ? Comment évolue l'industrie avec la prise en compte de la question environnementale ? Voici les réponses des spécialistes.




QUELQUES INFLUENCES « MODE » DU MOMENT


Mme Ada Gómez Jolly, de l'agence Fashion Snoops Latinoamerica, explique que quatre émotions s'imposent en tant que sources d'inspiration dans la mode latino-américaine d'aujourd'hui. « Vulnérabilité, symphonie, révérence et plaisir » : tels sont les mots influents cette année, selon l'agence new-yorkaise.


La vulnérabilité se base sur les retrouvailles avec soi, l'utilisation de tissus fluides et de tons pastels avec des jeux de transparence entre le dévoilement et le mystère du corps. D'ailleurs, ces dernières années sont largement touchées par la libéralisation des corps, avec pour les femmes la mise en avant de leur formes et de leur sensualité... Par exemple, sur Instagram, il y a eu une émulation pour le « sensual challenge » qui appelait les influenceurs à se prendre en selfie au "naturel" tout en misant sur l'acceptation de soi malgré leurs différences physiques ou maladie. Pour les hommes cela passe par le maquillage. Néanmoins cette tendance reste surtout visible sur les réseaux sociaux. Fin 2018, Chanel a lancé sa première gamme de maquillage pour homme. Un premier pas dira-t-on, mais encore faut-il que les hommes se libèrent de certains carcans sociaux pour qu'il y ait une vraie démocratisation du maquillage à proprement dit.


L'idée de symphonie dans la mode est retranscrite par le mélange de cultures et des civilisations, la complémentarité de l'artisanat avec les nouvelles technologies. L'accent est porté sur le dessin et les textiles artisanaux. On peut dès lors se remémorer les sacs en crochet de la marque colombienne Claudia Akel aux influences wayúu qui sont des sortes de « mochilas » revisitées en plus modernes (Lire notre précédent article sur Carthagène ). Un pur produit « sophisticraft » qui mixe éléments traditionnels, combiné avec des efforts pour l'environnement et un design de produit raffiné.


La révérence (« reverencia » se traduit en effet par « révérence » et/ou « respect » : il s’agit d’honorer, de considérer quelque chose comme quasi sacré) est le respect de la nature, comme une opposition à l'avènement de la technologie pour valoriser des éléments plus naturels tels que l'eau ou l'oxygène. On retrouve dans le thème des teintes et fibres naturelles. La boutique carthaginoise SĀNCTE, dans leur démarche de commercialiser du bien-être, proposait en complément de ses vêtements de lins éthiques une gamme de graines naturelles qui consisterait en une médecine alternative.


Le plaisir, le dernier sentiment, est le fait d'aimer la vie et de se divertir librement. Pour cela, les marques y répondent par des couleurs « pop » ou néon et des matières métallisées ou synthétiques. D'ailleurs le néon était la tendance du Carnaval de Rio l'année dernière, d'après Antonio Schuback, conseiller en mode dont vous avez sans doute lu l'interview ! (voici le lien 🙂). Se faire plaisir est une véritable philosophie de vie, une manière d’être, très ancrée dans la culture carioca ; nous vous en parlerons prochainement.


Notre commentaire : Les propos d’Ada Gómez Jolly sont entrecoupés de vidéos très esthétiques, sur fond de musique d’ambiance. On retient beaucoup de mots ou de slogans marketing dans cette conférence qui donne le ton sur le monde de la mode : un univers haut en couleur très « marketisé » mais qui interpelle pourtant sur certaines problématiques sociales d'aujourd'hui. On constate également que l'agence a basé beaucoup de son analyse sur les réseaux sociaux qui, même s'ils comptent de grands férus de la mode (stylistes, marques, bloggeurs, passionnés de mode...), ne sont pas forcément représentatifs de l'ensemble des consommateurs.



CHIFFRES CLES ET PERSPECTIVES DU SECTEUR TEXTILE COLOMBIEN


La seconde conférence s’établit comme un récapitulatif d'événements marquants de l'année 2019 et de quelques données sur le textile en Colombie. On vous épargne l'actualité, que nous avons bien sûr suivie tout au long de l'année passée... Voici plutôt quelques chiffres « croustillants ».


Tout d'abord le pays a connu la meilleure croissance économique d'Amérique latine, en 2019, avec une augmentation annuelle du PIB de 3,5%. Cette même année la croissance du secteur textile et confection a été de 2,5% tandis que le poids de l'industrie de la mode s'élevait à 2,860 milliards d'euros (conversion de haute précision réalisée par le portable d'Hanoé 😉).


Concernant la dynamique du secteur, quatre éléments principaux sont à noter. Premièrement et sans surprise, l'industrie se fait plus automatisée, ce qui permet aux entreprises de réaliser des économies d'échelle avec des technologies toujours plus performantes. Ensuite, le consommateur devient plus conscient de la cause environnementale, ce qui le rend plus exigeant sur le choix des matériaux utilisés (comme le polyester certifié ou les plantations de coton réglementées). Toutefois, tous les Colombiens ne semblent pas autant préoccupés par la cause environnementale que le déclare l'intervenant. Cela a été prouvé par les témoignages récoltés à Colombiatex (Lire ici l’article).


D'autre part, les exportations textiles portées par les villes de Bogota et Medellin sont favorisées par un terrain de confiance commerciale qui s'améliore d'année en année avec un indice de risque sectoriel à S3 (S5 étant la meilleure note). Enfin, un programme pour favoriser la culture du coton et protéger les 50 000 hectares de plantation dans le pays a été lancé par le gouvernement pour favoriser la production locale.



QUELLE EMPLOYABILITÉ POUR LE SECTEUR ?


M. Álvaro Gómez Fernández nous dépeint une vision assez pessimiste des profils du futur. Selon lui « les jeunes ne travaillent pas aujourd'hui, ils sont trop dispersés et n'écoutent pas ». Souffrant de tous les maux, ils sont touchés par « le syndrome de Peter Pan », terme qui désigne l'angoisse de devenir adulte. Les principaux concernés ici, les milléniaux (personnes nées au milieu des années 1980-fin des années 90) ou les « nini », ceux qui n'étudient pas ni ne travaillent, sont pourtant les acteurs du futur.

Après cet énoncé aux accents « mélodramatiques » ressassant l’éternelle rengaine du « ah c'était mieux avant » l'intervenant nous explique que le système éducatif est amené à évoluer.


La génération Y subit de multiples changements dans son trajet de formation et professionnel. Les personnes qui en sont issues ne restent plus aussi longtemps dans une entreprise : en moyenne de 2 à 4 ans.


« À 40 ans les connaissances apprises durant les études seront obsolètes, la seule solution est de continuer d'apprendre tout au long de sa carrière. »


De nouvelles attentes concernant l'emploi sont requises comme la capacité à s'adapter au développement technologique ; cela ne semble pas être le plus grand de nos soucis quand on voit que certains jeunes baignent dedans depuis tout bébé. On compte aussi la nécessité de maîtriser trois langues, de vrais polyglottes en devenir les milléniaux !

Il faudra aussi savoir interagir autrement que derrière un écran grâce à des compétences socio-émotionnelles. Ce sont des « savoirs-être » comme le fait de pouvoir travailler en équipe et ce n'est pas une mince affaire - et coucou les travaux de groupes en études supérieures !


Il faut savoir que les professions les plus menacées par la révolution technologique sont opérationnelles à 62%, traditionnelles à 31%, des emplois de service à 8%.

Ainsi, comme le dit si bien M. Gómez Fernández, “le développement technologique doit être accompagné du développement humain".


Un autre point important à retenir ici est l'impact de l'immigration vénézuélienne qui constitue une opportunité et une source de main-d’œuvre non négligeable pour le secteur. De fait, des plans d'inclusion sociale sont menés par le gouvernement pour favoriser ce type d'emploi.



UNE ECONOMIE DURABLE ?


Plusieurs conférences ont tourné autour de cette thématique. Que ce soit les mochilas de Cleiner ou les vêtements de luxe éthiques de Bareke, l'accent est porté sur l'entrepreneuriat éco-responsable.


Une conférence sur les processus durables appliqués au denim s'est portée facteur de prise de conscience. L'intervenant Rich nous interpelle sur le fait que toutes les entreprises du secteur devront adopter une politique responsable avec des résultats quantifiables.

En 2015, la fondation Mc Arthur nous révèle une étude aux résultats alarmants. Le textile est responsable de 1.300 millions de tonnes de gaz à effet de serre, ce qui représente plus d'émissions que les frets maritimes et vols d'avions combinés. L'industrie a été responsable de la diminution de 20% de l'eau fraîche disponible sur Terre. En 2050, on comptera 150 millions de tonnes de vêtements jetés dû à la surproduction.


« Le développement durable jusque-là impensable il y a 5 ou 6 ans est en train de dominer le paysage économique actuel ».


En 2015, plusieurs entreprises mondiales du secteur ont décidé de faire des comptes rendus sur l'amélioration de leur chaîne d'approvisionnement. Les firmes qui mènent la danse sont Gucci et Saint-Laurent qui ont implanté 600 processus durables avec 110 de leurs matières premières.


Selon l'intervenant, une collaboration entre les entreprises privées et les organismes publics est nécessaire.


La première étape est l'implémentation des technologies qui existent déjà. Avec ce seul progrès, il serait possible de réduire l'utilisation de l'eau de 50%, l'usage énergique de 30% et chimique de 15%. La Colombie serait alors très proche des objectifs fixés par les Nations Unies pour le développement durable. Mais il faut avoir conscience qu’il sera difficile d'obtenir des retours sur investissements au début, car c'est un engagement sur le long terme.


Voici une panoplie de quelques précurseurs dans la chaîne logistique. Jeanologia est le leader dans l'utilisation de technologie de finitions textiles respectant l'environnement. L'entreprise White Core Technology, quant à elle, traite des pièces de denim sans pénétration lors de la recoloration ce qui demande moins de teinture et d'eau. Un autre exemple, Eco Wash commercialise des teintures moins chimiques et plus naturelles.

Il y a beaucoup d'entreprises entrant dans ce marché. Le but est de réduire la consommation d'eau et le temps d'utilisation des machines.


À l'avenir il faudra recycler davantage les chutes de tissus ou récupérer ceux d'articles de mode après-consommation pour produire de nouveaux vêtements. D'autres réutilisations sont possibles comme pour l'isolation thermique des foyers par exemple. Autre solution envisageable pour les entreprises : avoir recours à des fibres naturelles.

Une récente amélioration notable est celle du polyester biodégradable. D'autres possibilités résideraient dans l'utilisation de fibres alternatives qui demanderait moins d'eau.


Selon l'étude McKinsey sur la robotique « la manufacture du textile revient à la maison ». L'intelligence robotique et artificielle vont être les principaux protagonistes de la production textile. Il est estimé qu'en 2025, presque 100% des plus grandes marques vont automatiser l'ensemble de leurs processus de production. C'est notamment le cas pour l'industrie du jean dont le coût de production sera ainsi plus bas.

Survient un vrai dilemme sur les coûts de mises en place. Certaines entreprises déclarent avoir adopté des processus durables mais leur chaine reste localisée à l'autre bout du monde. En complément aux processus durables, la production locale est également d'actualité.





RETROUVEZ LES CONFERENCES CI-DESSOUS


Sentimientos culturales para tendencias Primavera Verano 2021

Intervenante : Ada Gómez Jolly, Directrice du développement et des tendances chez Fashion Snoops Latinoamérica. Depuis plus de 20 ans dans le négoce de la mode au Mexique, elle a également travaillé dans des pays comme le Royaume Unis, les Etats-Unis, la Colombie, le Pérou et l'Argentine.


Actualidad y perspectiva sectorial Colombia y el mundo

Intervenant : Alejandro Escobar Correa, fondateur et gérant de Sectorial, centre de recherche et conseil sur les secteurs économiques de la Colombie.


Perfiles del futuro: transformaciones de la educación superior y los cambios en las profesiones

Intervenant : Álvaro Gómez Fernández, vice-recteur académique


Emprendimiento y sostenibilidad social

Intervenant : Ignacio Gaitán, directeur fédéral d’INNpulsa. Il est aussi doyen exécutif de l’école international d’administration et marketing ainsi que la Prime Business School de l’université Sergio Boleda.


Sostenibilidad el futuro del Denin

Intervenant : Rich Tobin, homme d’affaire, senior dans le secteur textil avec plus de 34 années d’expérience sur plusieurs marchés à l’échelle mondiale.


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