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Du boulevard Haussmann à la forêt d’Ermenonville, deux vies dédiées à l’art (les jacquemart-andré)

Paris, 8ᵉ arrondissement. Dans le calme feutré du boulevard Haussmann, le Musée Jacquemart-André accueille chaque jour des visiteurs émerveillés par la splendeur d’un hôtel particulier où le temps semble suspendu. Derrière ces murs chargés d’histoire se cache une aventure humaine et artistique hors du commun : celle de Nélie Jacquemart et d’Édouard André, unis par une passion absolue pour la beauté et l’art. Deux personnalités que tout opposait, mais que la quête esthétique a liées pour toujours.

Escalier dans un hôtel particulier à Paris

Souris des villes …

Issu d’une puissante famille de banquiers protestants, Édouard André naît en 1833 dans le Gard. Héritier d’une immense fortune, il s’éloigne pourtant des affaires pour se consacrer à une autre vocation : l’art. En 1868, il commande à l’architecte Henri Parent un hôtel particulier au 158 boulevard Haussmann, destiné non seulement à être une demeure prestigieuse mais aussi un écrin pour sa collection naissante. Le lieu, d’un raffinement inouï, marie les volumes monumentaux du Second Empire à un goût déjà muséal.


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C’est dans ce cadre que le destin place sur sa route Nélie Jacquemart. Peintre reconnue et portraitiste de la haute société, cette jeune femme issue d’un milieu catholique royaliste incarne tout ce qu’Édouard n’est pas. Leur rencontre, en 1872, lors de la commande d’un portrait, marque le début d’une relation aussi improbable qu’intense. Ils se marient en 1881, formant un couple singulier dans le Paris mondain : elle, l’artiste sensible et cultivée ; lui, le collectionneur méthodique et passionné.


Leur union se scelle dans une ambition commune : créer un univers dédié à la beauté. Ensemble, ils sillonnent l’Italie, visitent musées et palais, rencontrent antiquaires et collectionneurs. Ils rapportent des trésors : peintures de Botticelli, Bellini, Uccello, sculptures de la Renaissance, objets précieux, mobilier et tapisseries.


Mais après la mort d’Édouard en 1894, Nélie poursuit seule cette œuvre commune avec une détermination remarquable. Fidèle à leur idéal, elle décide de transformer leur demeure en musée, afin d’ouvrir au public ce qu’ils avaient si patiemment construit. En 1913, selon ses vœux, le Musée Jacquemart-André est légué à l’Institut de France.


Aujourd’hui encore, il perpétue leur vision d’un art accessible à tous. Les expositions temporaires, comme celle actuellement consacrée à Georges de La Tour, rappellent combien cet écrin parisien demeure vivant, dialoguant entre les maîtres anciens et les sensibilités contemporaines.



Souris des champs …

Mais pour Nélie, l’histoire ne s’arrête pas à Paris. Au tournant du siècle, elle ressent le besoin d’un lieu de paix, d’un refuge à l’écart du tumulte mondain. Son coup de cœur se porte sur l’Abbaye royale de Chaalis, au cœur de la forêt d’Ermenonville, ancienne fondation cistercienne du XIIᵉ siècle. En 1902, elle acquiert le domaine pour 1 200 050 francs, une somme considérable.


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Elle entreprend alors de restaurer les bâtiments, d’aménager le parc, d’y installer une partie de ses collections. Dans la chapelle Renaissance décorée par Primatice, surnommée la « Sixtine française », elle expose peintures religieuses, sculptures, objets liturgiques et souvenirs de voyage. Chaalis devient un lieu de retraite, un havre de sérénité où la beauté dialogue avec la mémoire.


À sa mort en 1912, Nélie Jacquemart lègue donc à l’Institut de France non seulement sa fortune et ses collections, mais aussi deux lieux emblématiques : le musée du boulevard Haussmann et l’abbaye de Chaalis. Deux visages d’une même passion, deux espaces complémentaires, l’un urbain et éclatant, l’autre contemplatif et intime.

Aujourd’hui, le visiteur qui quitte les salons dorés de Paris pour les ruines romantiques d’Ermenonville comprend toute la profondeur de cette double vie : entre le faste et le silence, entre la ville et la nature, entre la collection et la contemplation.



Chaalis fut pour Nélie Jacquemart un coup de cœur, une parenthèse hors du monde, hors du temps. Là où s’achève son histoire, commence celle de son héritage : un art de vivre la beauté, à la fois passionné et apaisé, que le temps n’a pas effacé.






Informations pratiques :

Musée Jacquemart-André

158 boulevard Haussmann, Paris 8ᵉ

Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h.

Tarif plein : 18,50 € - réduit : 15 €.

Exposition en cours : Georges de La Tour, entre ombre et lumière (jusqu’au 25 janvier 2026).

Accès : métro Miromesnil ou Saint-Philippe du Roule.

Site ici


Abbaye royale de Chaalis

Fontaine-Chaalis, près d’Ermenonville (Oise)

Ouverte tous les jours de 10 h à 18 h (en hiver jusqu’à 17 h 30).

Entrée domaine : 10 €, tarif réduit : 7 €.

Accès : environ 1 h de route depuis Paris, A1 sortie n°7 « Ermenonville ».

Idéal à combiner avec une promenade dans le parc et la roseraie.

Site ici

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