Lorsque mes pas m'ont conduit au seuil du Château d’Ormesson, situé à quelques pas de Paris, c'était bien plus qu'une simple visite touristique. C'était une plongée au cœur de l'Histoire, une rencontre avec un passé riche en récits et en légendes, où chaque pierre semblait porter les cicatrices du temps et chaque salle résonnait des échos des générations passées.
Érigé au XVIe siècle, le Château d’Ormesson, autrefois connu sous le nom de Château d’Amboile, s'élève tel un gardien immuable des vicissitudes du temps.
À l'origine, l'histoire du château remonte à Christophe Picot, Seigneur de Santeny et de La Queue-en-Brie, qui acquiert la seigneurie d'Amboile en 1502. Cependant, c'est sous l'égide de Louis II Picot que les premières pierres de l'édifice sont posées à partir de 1598. Modifié au XVIIIe siècle, il est classé aux Monuments Historiques en 1889, reconnaissance méritée de son importance dans le patrimoine français.
Au fil des siècles, le château change de mains, mais c'est avec l'arrivée de la famille Le Prevost de Malassis, puis des Le Fèvre d’Ormesson, qu'il se voit doté de son nom actuel. Olivier III d’Ormesson, figure marquante de cette lignée, transforme le château en un lieu de rencontre pour les esprits éminents de son époque. Madame de Sévigné, Racine, Boileau, ou encore La Fontaine foulent ses somptueux salons, apportant avec eux un souffle de culture et d'intellectualisme.
Le XVIIIe siècle marque une période d'essor pour le château, sous l'impulsion de Marie-François de Paule Lefèvre d’Ormesson. Conseiller d’État et Intendant des finances, il façonne le domaine à son image, l'agrandissant et le faisant redorer de prestige. C'est à cette époque que le domaine prend le nom d’Ormesson, en hommage à cette famille qui a tant contribué à son développement.
Pourtant, l'Histoire tourmente parfois les lieux les plus sereins. Le château subit les affres des conflits, comme en 1870 lorsqu'il est occupé par les troupes prussiennes, ou pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les Allemands en font un centre de réparation de camions, laissant derrière eux des traces de dégradation et de pillage.
Malgré ces épreuves, le château a su renaître de ses cendres. Aujourd'hui, ses murs témoignent non seulement de son passé glorieux, mais aussi de son adaptation au monde moderne.
Au-delà de mon objectif initial de capturer quelques prises de vues, j'ai été immédiatement captivée par l'aura mystérieuse qui émanait du lieu. Le château, avec sa façade imposante et ses tours majestueuses, impressionne, tout simplement.
Dès les premiers pas dans ses couloirs, j'ai été enveloppée par une atmosphère envoûtante, où chaque tableau accroché au mur, chaque tapisserie déployée, racontait une histoire unique et fascinante. Mais ce qui a véritablement captivé mon attention, ce sont les décors récemment peints, inspirés des œuvres lumineuses de Fragonard. Ces touches de couleur vives et délicates semblaient injecter une nouvelle vie dans les pièces autrefois endormies, rappelant l'éclat de l'art et de la culture qui ont toujours imprégné ce lieu emblématique.
Pourtant, derrière la beauté esthétique se cache une profondeur historique tout aussi captivante. C'est ici, dans ces murs imprégnés de grandeur et de noblesse, que des figures emblématiques ont donc laissé leur empreinte dans l'Histoire. Parmi elles, le Maréchal Lyautey, dont la présence a laissé une marque indélébile dans les annales du château. C'est ici qu'il a rédigé son discours de réception à l'Académie Française, un moment clé dans sa propre saga.
Le château joue maintenant un rôle dans l'industrie cinématographique notamment (et autres événements), servant de décor à plusieurs films. Les décors peints, bien que non authentiques, ajoutent une dimension intrigante à l'expérience, transportant le visiteur dans un monde où fiction et réalité se confondent.
Le Château d’Ormesson demeure ainsi un phare de l'histoire française, un témoin silencieux des tumultes et des triomphes qui ont façonné notre nation. À chaque pas dans ses salles chargées de souvenirs, c'est une véritable plongée dans le passé qui s'offre à ceux qui osent s'aventurer dans ses couloirs majestueux, perpétuant ainsi son héritage pour les générations futures.
À noter tout de même que, malheureusement, celui-ci n'est ouvert au public que lors de rares occasions (durant les JEP par exemple).
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