De Meaux au Domaine de Monthyon : la virée du week-end à portée de Pass Navigo

Il y a des week-ends où l’on ressent simplement le besoin de s’échapper, pas bien loin, juste assez pour respirer autrement. Quand l’envie de changer de décor me prend sans prévenir, j’aime attraper mon Pass Navigo, regarder une ligne de train comme une promesse d’aventure, et filer. Cette fois, j’ai mis le cap vers l’est, direction Meaux, puis Monthyon, deux lieux très différents et pourtant parfaitement complémentaires. Une journée faite de patrimoine, de douceur, d’art et même de cinéma, accessible à toutes et à tous avec de simples transports déjà compris dans l’abonnement. Une parenthèse inattendue, sans voiture, sans stress, mais avec ce petit goût de découverte qui rend une escapade vraiment mémorable.

Meaux, entre patrimoine et douceur de vivre

En descendant du train à Meaux, j’ai immédiatement senti cette atmosphère particulière, à la fois tranquille et vibrante d’histoire. La ville se découvre d’abord par les sens, et plus précisément par le goût. Le Brie de Meaux AOP, avec sa croûte fleurie et sa pâte crémeuse, est un incontournable. Il fait partie des plus anciens fromages français, et le savourer sur place est presque un rituel. De quoi commencer la journée de la meilleure des manières.

Puis je me suis dirigée vers ce qui fait aussi la singularité de Meaux : sa Cité épiscopale. Au cœur du centre historique, elle constitue un ensemble architectural unique en Île-de-France, organisé autour de la cathédrale Saint-Étienne et de l’ancien palais épiscopal. La construction de la cathédrale débute vers 1175 et s’étale sur près de 355 ans, ce qui explique la superposition harmonieuse des différentes phases de l’art gothique. C’est un lieu où l’on ressent la force silencieuse des siècles, où la lumière traverse les vitraux comme un fil narratif. On y découvre aussi la sépulture de Bossuet, évêque de Meaux et figure majeure du XVIIᵉ siècle.

Juste à côté, le musée Bossuet occupe depuis 1927 l’ancien palais des évêques. Ses collections, riches de plus de 5 500 objets, retracent l’histoire du territoire avec un éclectisme fascinant : peintures religieuses, paysages de Barbizon, meubles d’apparat, sculptures, objets archéologiques. Les dons de la famille Moissan puis de Jean-Pierre et Annie Changeux ont enrichi les collections de chefs-d’œuvre signés Jacques Blanchard, Sébastien Bourdon ou Claude Vignon. En ce moment, une exposition temporaire rend hommage à la marquise de Maillé, figure passionnante et infatigable défenseuse du patrimoine français. On y découvre une femme engagée, discrète mais essentielle, qui a façonné l’avenir de nombreux édifices religieux.

Et puis il y a le jardin Bossuet, juste derrière. Son dessin de buis en forme de mitre, clin d’œil délicat à la fonction des anciens propriétaires, s’étend jusqu’à la muraille gallo-romaine. Il est accessible gratuitement à toutes et à tous, et offre une respiration bienvenue, une pause simple avec la cathédrale en arrière-plan. J’y ai passé un moment délicieux, entre contemplation et calme absolu.

Monthyon et le domaine de Jean-Claude Brialy, un moment suspendu

Quelques minutes de bus suffisent ensuite pour quitter la ville et rejoindre Monthyon. On descend, on marche un peu, et l’on se retrouve dans la rue, devant une grande grille où débute la visite. C’est seulement après l’avoir franchie, en s’engageant sur une allée bordée de hauts arbres, que la maison apparaît enfin. Elle se dévoile doucement, presque comme un secret : le domaine de Jean-Claude Brialy.L’acteur achète ce château en 1959, à seulement vingt-six ans, sans argent et sans même l’avoir visité. Un geste fou, nourri par une convalescence forcée et par l’aide précieuse de Truffaut, Chabrol et Godard. Ce qui devait être un refuge provisoire devient finalement sa maison pendant quarante-huit ans.

On ne va pas se mentir, notre génération ne le connaît pas toujours très bien. Il a été un formidable second rôle du cinéma français, omniprésent mais rarement cité en premier. Pourtant, dès que l’on découvre sa demeure, on a immédiatement envie d’être son amie. Son univers est si chaleureux, si sensible, si ouvert qu’il touche même celles et ceux qui arrivaient sans idée préconçue. On pénètre dans son univers le plus intime. La salle à manger où il recevait ses amis du cinéma, le Salon des Angelots où il accorda sa première interview de propriétaire, la chambre de Romy Schneider, simple et bouleversante, le Salon Barbara qui raconte une amitié profonde et espiègle… Rien n’a bougé depuis sa disparition en 2007, ce qui donne à la visite un parfum d’éternité. On marche littéralement dans une mémoire.

Son petit théâtre privé, les Petits Bouffes, est un bijou de quarante-cinq places où l’on imagine sans peine des projections improvisées, des rires étouffés, des soirées lumineuses. Le parc, que Brialy a façonné lui-même, mêle allées de tilleuls, massifs fleuris, patios et rosiers qu’il aimait cueillir pour ses invités. On croise également un peu partout des moutons et des béliers, clin d’œil malicieux à son signe astrologique.

La visite, en petit groupe, offre une sensation rare : on ne visite pas un lieu, on rencontre une vie. On ressort apaisée, touchée, un peu émue. Comme si l’on avait traversé une époque révolue mais vibrante.

Infos pratiques

Accès : Ligne P depuis Gare de l’Est jusqu’à Meaux (Pass Navigo valide)– Bus 2104 ou 2158 pour rejoindre Monthyon

Musée Bossuet - Meaux : Tarif plein 9 € / réduit 6,50 € / gratuités selon conditions

Exposition en cours : De pierre et de papier, l’œuvre de la Marquise de Maillé au service du patrimoine (jusqu’au 4 janvier 2026)

Jardin Bossuet : gratuit

Domaine de Jean-Claude Brialy - Monthyon : Visite guidée en petit groupe, billet à partir de 12 €

Réservation indispensable

Lien billetterie : disponible auprès de l’Office de tourisme de Meaux, ici

Une escapade simple, intime, enrichissante et accessible, qui conjugue patrimoine, art, cinéma et douceur. Une journée qui prouve qu’avec un simple Pass Navigo, on peut s’offrir un vrai voyage.