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Navigo en poche, Royaumont en horizon

L'abbaye royale de Royaumont fait partie de ces lieux dont on entend parler depuis longtemps sans imaginer qu’ils se trouvent si près de nous. À peine cinquante minutes depuis Paris, un simple trajet en pass Navigo, et pourtant le sentiment d’arriver ailleurs. La première fois, c’était l’été et je n’avais aucune idée que ce serait l’un de mes grands coups de cœur de l’année. J’avais marché depuis la gare de Viarmes, un chemin en descente, doux et silencieux, qui prépare presque sans le vouloir à l’atmosphère de l’abbaye. Quand j’ai finalement vu apparaître le portail, je me suis dit que cet endroit méritait d’être raconté, même si mes photos baignent donc davantage dans la lumière estivale que dans celle de Noël.

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Royaumont se conjugue au passé …

Royaumont n’est pas une abbaye comme les autres, et il suffit d’en pousser la porte pour sentir le poids de son histoire. Fondée en 1228 par Louis IX et sa mère Blanche de Castille, elle surgit au cœur du Moyen Âge dans un moment de ferveur architecturale et spirituelle. Cistercienne par vocation, elle se place dans la lignée des établissements où la rigueur, la simplicité et l’ingéniosité se répondent. Les moines choisissent ce site stratégique, entouré d’étangs et de forêts, et canalisent deux rivières afin d’alimenter leur enclos. L’eau devient l’âme du lieu, circulant, nourrissant, protégeant mais pourtant si discrète …

Pendant des siècles, l’abbaye rayonne. Puis la Révolution bouleverse l’ordre établi. Vendue, détournée de sa fonction première, elle devient usine textile et son église, démantelée, sert à bâtir un village ouvrier. On pourrait croire l’histoire brisée. Pourtant Royaumont a cette aptitude rare à renaître. Au XIXᵉ siècle, elle accueille un noviciat qui entreprend de la restaurer dans l’esprit néogothique. En 1905, la famille Goüin en fait un refuge, une résidence accueillant artistes, intellectuels, créateurs en quête de temps et de silence. Enfin, en 1964, la Fondation Royaumont donne à ce lieu multiple une nouvelle mission : devenir un espace de culture, de recherche, de rencontre, sans jamais renier son passé.

C’est peut-être cela que l’on ressent en parcourant ses galeries. Une abbaye qui a connu tant de vies que les pierres semblent vibrer de mémoire, mais aussi d’un présent bien vivant.


Mais surtout, Royaumont se conjugue au présent !

Mes conseils afin de rejoindre l’abbaye divergent forcément en fonction de la saison. Depuis Viarmes (arrêt de la ligne H, disponible avec votre navigo), en semaine, un bus (le 1354) dépose directement aux portes du domaine. Le week-end, des navettes payantes (2,50 € par personne, réservation en ligne sur le site de l’abbaye ou par téléphone) prennent le relais. En été, j’avais choisi de marcher : une heure de descente tranquille, sur un chemin plutôt bien défini pour piétons et cyclistes, presque méditatif. Une arrivée progressive qui correspond bien au rythme du lieu.


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L’entrée coûte 10 € pour les adultes, 9 € pour les détenteurs d’un pass Navigo et 7,50 € pour les moins de 26 ans. La visite libre est agréable, mais la visite guidée (4,50 € supplémentaires pour les plus de sept ans) apporte une tout autre dimension. Elle dure une heure et ouvre des espaces habituellement fermés. La bibliothèque Henry et Isabel Goüin, notamment, est un véritable coup de cœur : installée dans l’ancienne salle du chapitre, elle n’est, en effet, accessible qu’accompagnée. Il ne s’agit néanmoins plus de la bibliothèque médiévale constituée par les moines et dispersée en 1792. Celle que l’on découvre aujourd’hui est le fruit d’une histoire plus récente. Riche d’environ vingt-trois mille volumes, elle réunit un ensemble éclectique issu de plusieurs collections privées, complété au fil du temps par les acquisitions liées aux activités de la Fondation. On entre là dans ce que ses concepteurs appelaient une bibliothèque « d’honnête homme » un espace où se croisent littérature, sciences humaines, musique, arts et archives. Cette diversité reflète l’ambition culturelle de Royaumont depuis sa renaissance au XXᵉ siècle.

Ce n’est pas vraiment une salle débordante de livres, comme celles d’autres monastères que j’ai pu visiter. Mais avec ses voûtes et son atmosphère presque suspendue, c’est un lieu que j’aurais été bien triste de manquer.



La découverte commence souvent par le cloître, son jardin à la française dessiné en 1912, restauré en 2010 et bordé de quatre galeries voûtées. Cet hiver, la pièce d’eau s’anime de l’œuvre Geysir Ouest-Lumière, un jaillissement lumineux qui transforme la nuit.Viennent ensuite le réfectoire, les cuisines, les bâtiments des moines et des convers, chacun témoignant des gestes quotidiens de la communauté. Ce n’est pas un parcours figé mais une déambulation qui laisse le temps d’observer les détails, de sentir la pierre.

Les jardins forment un second chapitre. Le jardin des 9 carrés, installé depuis 2004, accueille en 2025 une nouvelle collection inspirée d’Hildegard von Bingen. Chaque carré rassemble des plantes décrites dans la Physica, associées à une fonction médicinale. L’ensemble donne presque l’impression de feuilleter un ouvrage ancien mais vivant. À proximité, le potager jardin raconte le lien séculaire entre abbaye et autosuffisance, revisité à travers un regard contemporain. Enfin, les sept hectares du parc prolongent la marche, entre canaux, étangs et perspectives qui rappellent que l’eau fut la première architecte de Royaumont.


En cette période de fêtes, l’abbaye prend une ambiance toute différente. On y trouve un jeu-parcours pour aider le Père Noël à résoudre un mystère, le bar–salon de thé se transforme en repaire parfait pour un chocolat chaud, et un calendrier de l’Avent a été lancé sur leurs réseaux. D’ailleurs, si vous passez ce week-end (ou avant Noël en somme !), vous pouvez vous aussi tenter votre chance : il suffit d’aimer et partager le post du jour sur leur instagram, puis de déposer votre nom et prénom directement à la librairie-boutique lors de votre passage. Sait-on jamais !


Et puis il y a aussi, bien sûr, les rendez-vous réguliers : la Saison Royaumont, un programme culturel dominical de septembre à juin, ou le brunch mensuel (52,50 € par personne) par exemple. On peut même dormir sur place le samedi ! C’est dire … Ces activités ne parasitent pas la visite : elles prolongent le lieu, comme si l’abbaye continuait de vivre dans des temporalités multiples.



Informations pratiques :

Abbaye de Royaumont95270 Asnières-sur-Oise

Accès : ligne H depuis Paris Gare du Nord jusqu’à Viarmes, puis bus 1354, navette le week-end sur réservation ou marche d’environ une heure.

Tarifs : entrée adulte 10 €, réductions pour jeunes et pass Navigo, visite guidée 4,50 € pour les plus de sept ans.

Mon post de cet été associé : https://www.instagram.com/reel/DKUyEg0sAzS/

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